La Triple Corbeille

« La triple corbeille » est le nom donné à l’ensemble qui réunit le Sutrapitaka (pali Suttapitaka), « la corbeille des sutra » : le Vinayapitaka, « la corbeille du Vinaya », et l’Abhidharmapitaka (pali Abhidhammapitaka), « la corbeille de la connaissance supérieure des phénomènes ». (corbeille en pali: pitaka)

Qu'est-ce que la con-
naissance ? C'est le discernement parfait
de la nature des choses.
Asanga, Abhidarmasamuccaya

Bouddha Shakyamuni Bodhgaya

 

 

 

 

 

 

Ces trois corbeilles mettent respectivement l'accent sur les trois entraînements qui permettent d'atteindre l'éveil : la discipline éthique, la méditation et la sagesse-connaissante.

L'Abhidharma au sens littéral veut dire "Dharma supérieur", dharma pouvant être pris au sens de l'enseignement ou des phénomènes. Il représente la troisième partie du recueil historique des enseignements rassemblés par les disciples du Bouddha dans les "trois corbeilles" et concerne la sagesse-connaissante.

L'Abhidharma est une caractéristique propre au Bouddhisme. Sa présentation de la sagesse-connaissante permet de comprendre les sutras et tantras.

La tradition attribue le premier énoncé de l'Abhidharma à Mahakasyapa, un des proches disciples du Bouddha, qui l'aurait récité lors du premier concile à Rajgir. Il s'agit en fait d'une systématisation de la doctrine enseignée par le Bouddha. Libéré des procédés de narration propres aux sutras, l'Abhidharma offre ainsi une présentation claire et détaillée des phénomènes.

L'Abhidharma, analyse les phénomènes :
  • Les structures du cosmos, (comme par exemple les trois mondes: le monde du désir avec ses six niveaux d'existence, le monde de la forme, et le monde de la non-forme).
  • Les fonctionnements du mental et les capacités cognitives de l'esprit, (comme par exemple la loi du karma, des causes et des effets.)
  • Le lien d'interdépendance qui lie l'esprit à la manifestation.


On distingue l'Abhidharma sutra (provenant de la parole du Bouddha) et les Abhidharma shastra qui sont des commentaires de cette source.

L'Abhidharma a constitué la matière première de la philosophie bouddhique à travers toutes les écoles et les époques.

Les sept traités de base de l’Abhidharma
  • Le Dhammasangani, catalogue des phénomènes constituant l’univers.
  • Le Vibhanga, formé des 18 sections sur les catégories de phénomènes, telles que les skandha, ayatana, dhatu, etc
  • Le Kathavatthu de Mogalliputta Tissa composé sous le règne d’Asoka pour réfuter les hérésies.
  • Le Puggalapannatti, « description des personnalités humaines ».
  • Le Dhatukatha, catalogue bref.
  • Le Yamaka, « Les Paires », qui traite des questions par doubles réponses.
  • Le Patthana, qui traite des relations causales des phénomènes.


L'Abhidharma n'est pas un répertoire cosmologique et ne se résume pas en un simple catalogue qui décrit les différents types de consciences et les phénomènes mentaux.

L'Abhidharma conduit à une investigation de l'esprit et des phénomènes. Les méthodes d'investigations sont expliquées dans le premier et le dernier volume de l'Abhidharma Pitaka, le Dhammasangani et le Patthana.

On utilise la méthode analytique par le raisonnement pour réduire en ses composants un tout apparemment homogène. La méthode synthétique vise à montrer que ces composants n'existent pas de manière intrinsèque mais dépendent d'autres facteurs pour apparaître.

Le but de l'analyse est de trancher l'attachement aux phénomènes internes (la notion d'un soi et les différents facteurs mentaux) ou externes (les phénomènes autres que le soi, le monde physique...), en voyant leur caractère composé.

Pour arriver à une connaissance de la réalité ultime, on doit associer l'approche analytique et synthétique: tous les phénomènes sont par nature dépendants les uns des autres et n'ont aucune existence substantielle. Ils apparaissent de causes et de conditions.

L'Abhidharma permet une connaissance de la conscience, qui a le pouvoir de discerner les états "sains" et "malsains". La définition des mots sankrits kusala/akusala est littéralement « ce qui mène à la guérison » (kusala) et « ce qui mène à perpétuer la souffrance » (akusula).

La connaissance et la maîtrise des états de conscience permettent de créer des causes de bonheur, et d'atteindre l'état d'Arhat. L'étudiant bouddhiste apprend également à reconnaître les états d'esprit fondés sur le désir, la haine et l'opacité mentale comme source de souffrance et d'aliénation.